Les
aristochats
Les
frères SHERMAN ont réalisé quelques-unes des chansons les plus entraînantes
de tous les films signés de la Walt Disney Company. Du totalement déjanté
Supercalifragilisticexpialidocious de Mary Poppins, en passant par le
méconnu Nous deux ça colle de la Fiancée de Papa (rassurez-vous, vous
ne perdez rien), les frères en question ont surtout été reconnus pour
leurs airs très jazzy présents dans ces Aristochats. Réalisé quelques
années après la disparition tragique du maître Walt, les studios de
la souris aux grandes oreilles ont voulu réaliser, avec les Aristochats,
le pendant félin des 101 Dalmatiens.
Le décor est donc planté à Paris
au début du siècle, dans une grande et superbe maison bourgeoise, où
la maîtresse des lieux s'occupe avec dévotion de ses chats (Duchesse
et ses trois bambins). La maîtresse en question convoque un jour le
notaire afin de faire son testament en bonne et due forme, mais il y
a une surprise de taille : celle-ci décide de tout léguer à ses chats
après son décès ! Le cupide Edgar, son serviteur un rien lèche-bottes,
ne l'entend pas de cette oreille, et décide de se débarrasser des matous,
alors lâchés dans la nature, forcément hostile pour de tels aristo-chats
! Ils rencontreront fort heureusement O'Malley, un chat de gouttière
sympathique.
Nous voilà face à un classique
disneyien assurément familial et sans grande prétention, avec néanmoins
une scène comique mémorable au début du film, où une rixe éclate entre
Edgar le maître d'hôtel, avec Napoléon et LaFayette, deux chiens belliqueux
(un grand moment !).
Mais comme beaucoup de Disney
de cette époque, ça sent le vite fait et (assez) mal fait. Côté technique,
on retrouve ainsi certains gimmicks -déjà présents dans Le livre de
la jungle ou Merlin l'enchanteur-, à savoir la réutilisation, à plusieurs
reprises, des mêmes positions et attitudes des personnages, en changeant
simplement le décor de fond. La raison ? Souci d'économie, et préservation
d'une machinerie parfaitement rodée… La honte, oui oui, vous pouvez
le dire. Dans un même ordre d'idées, certaines scènes présentent même
quelques défauts de détourage, à l'image de cette scène avec les deux
oies britanniques (horripilantes au possible, par ailleurs), ou plus
tard lorsque les mêmes volatiles raccompagnent leur oncle quelque peu
éméché… Et certaines chansons sans saveur ne rattrapent pas cet état
de fait (l'arrivée matinale de O'Malley est d'une fadeur effarante).
De fait, ces quelques moments sentent le film un peu bâclé. Si comme
beaucoup d'entre nous vous avez vu ce film étant jeune, ces menus défauts
ne vous auront pas sauté aux yeux, et, la nostalgie aidant, vous avez
sûrement encore dans l'esprit une image de film sympathique et attendrissant.
Mais avec le recul on ne peut s'empêcher d'avoir un œil critique qui
ne laisse passer aucun défaut… Malgré ces réserves, Les Aristochats
reste quand même effectivement un " grand classique ", cependant plus
utile en termes d'utilisation de nouveaux apports musicaux (en 1970,
c'est la première fois qu'un film d'animation est aussi rythmé) qu'en
termes d'enjeux dramatiques. Le suspense n'est ici prétexte qu'à de
franches parties de rigolade (la poursuite effrénée d'Edgar avec Napoléon
et LaFayette, impayable !), d'autant qu'avec la logique disneyienne,
l'issue happy end, incontournable, est connue d'avance.
Les Aristochats peut-il en fin
de compte prétendre au titre de digne héritier des 101 Dalmatiens, comme
souhaité par les studios ? Pari plutôt réussi en effet, pour un film
qui se laisse suivre agréablement d'une manière générale, peut-être
un peu longuet sur la fin, mais très enjoué dans l'ensemble. Pas du
meilleur cru, mais ceci est le reflet d'une époque où Disney était déjà
sur une pente déclinante (avant son retour en force avec La petite Sirène,
triomphe en 1989)…
ÇA SWINGUE EN DVD
Rien de spécial à signaler sur
l'édition DVD des Aristochats, si ce n'est une image soignée et une
musique bien mise en avant, qui donne envie de danser. C'est déjà pas
si mal ! Les bonus offrent l'occasion de voir un court-métrage sympathique
comme tout, et un 'hommage' aux frères SHERMAN, dont les chansons émaillent
ce long métrage animé (La leçon de piano est très mignonne, et le générique
interprété par Maurice CHEVALIER est vraiment marrante). Quelques photos
en sus. Un DVD dispensable ? A vous de voir si vous collectionnez les
DISNEY.
Gersende Bollut
Fiche technique
- Titre original : The Aristocats.
- Origine : Etats-Unis - Couleurs - 1 h
15 min.
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Date de sortie France : décembre 1971.
- Production : Walt DISNEY.
- Réalisateur : Wolfgang REITHERMAN.
- Scénario : Larry CLEMMONS, d'après le
livre de Tom MCGOWAN et Tom ROWE.
- Doublage VO/VF : Phil HARRIS/Claude BERTRAND,
Eva GABOR/Michèle ANDRÉE, Sterling HOLLOWAY/Roger CAREL.
- Musique : George BRUNS.
- Box-Office France : 12.471.143 entrées.
- Sortie DVD : 31 octobre 2001.
- Lien Internet : www.disney.fr/DisneyVideos
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"Domestiques
ou sauvages, réinventés ou observés, merveilleux
ou terrifiants, objets d'investigation scientifique ou poétique,
les figures cinématogra-
phiques de l'animal sont multiples. Si l'animal fascine autant, c'est
qu'il est comme un miroir sur lequel l'homme peut projeter ses peurs,
ses fantasmes ou ses rêves d'innocence"
Emmanuelle
Mougne
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