Sommaire

Balto, chien-loup héros des neiges


Avec le titre du film, c'est vraiment trop fort : vous savez déjà toute la trame du long métrage en question. Le perso principal est donc un chien-loup (avec ce que cela suppose de croisement de gênes), vous savez déjà que ledit cabot est ou ne tardera pas à être un héros, et que tout cela se passe dans des étendues enneigées. Que demander de plus ? Le nom du chien-loup, en plus ? Suffit de demander... Et voilà, on a un parangon de titre qui fout déjà une partie des enjeux dramatiques en l'air. Imaginez que Mulan se soit appelé Mulan, la princesse chinoise et sa victoire contre les Huns, ou que Jin-Roh ait été baptisé Fusé, le jeune Panzer qu'a-tué-une-rebelle-de-la-Secte même qu'en fait il est lui-même victime d'un complot. Ca le fait moins, déjà, non ?

Basé sur une histoire vraie (l'exploit de chiens de traineaux durant l'hiver 1925, qui affrontèrent mille dangers pour rapporter à bon port, in extremis, un antidote anti-diphtérie), Balto est de toutes façons de ces films qui n'ont pas la prétention d'apporter quoi que ce soit de neuf au cinéma d'animation. Fortement influencé graphiquement par Don BLUTH, Simon WELLS réalisa en 1995 ce long métrage pour le compte d'Amblin, la société de SPIELBERG (aujourd'hui DreamWorks). A ce sujet, on relèvera d'ailleurs un clin d'oeil sympathique à E.T., dans ce Balto. Publicité gratuite... mais pas innocente, comme le veut le business !

Le film repose sur un scénario très moralisateur pour deux sous (en gros, soyez honnête et brave, et fuyez toute gloire personnelle au profit de l'altruisme), avec des personnages stéréotypés à l'extrême. Balto campe ainsi le chien-loup qui aime une autre chienne mais n'ose lui dire (différence sociale oblige), l'oie amie de Balto est un peu sosotte et très volubile, le méchant chien de traineau est de couleur noire, et donc très méchant, ouh la la, etc. Tant de clichés vus et revus plombent donc d'entrée un film, dont on devine de plus la trame de bout en bout.

Pour autant, quelques menus éléments sont à noter, distinguant ce film qui vaut mieux qu'un zéro pointé trop vite attribué. D'abord, le lieu de l'action. Ce n'est pas tous les jours qu'un film d'animation prend place en Alaska, près de la fameuse capitale Anchorage ! J'avoue qu'il s'agit là d'une préférence toute personnelle, puisqu'à dire vrai cette contrée reculée est en tête de liste de mes destinations convoitées... Passons.

Ce qui réjouit surtout le spectateur-lambda ici, ce sont les chansons. Savoir si elles sont ou pas mièvres, là n'est pas la question, puisque de toutes façons, IL N'Y A PAS de chansons. Et ça, c'est une sacrée bonne nouvelle ! Par-dessus le marché, on se surprend parfois à sourire. Les ficelles sont certes lourdes et les chemins mille fois balisés, mais que voulez-vous, certaines répliques et/ou situations fonctionnent toujours autant... Mais surtout, surtout, on se surprend même à frémir ! Oui oui, à avoir peur pour le héros, à se demander s'il va oui ou non réussir à mener à bien sa quête. A vrai dire on se fout bien de savoir si la petite fille sera sauvée (qu'elle crève, qu'on ait la paix une bonne fois pour toutes), et on sait que la fin sera -a priori- sans surprise(s). Et pourtant, la machinerie est tellement bien rodée qu'on se laisse prendre, et captiver par moments... On croit Balto chuter dans la falaise, on le croit mort dans l'avalanche, on désespère de le voir arriver un jour à destination... bref, bon gré mal gré, on se laisse happer dans ce long métrage, dans la droite lignée des films d'animation à la Fievel (à savoir beaucoup d'action, quelques effets spéciaux numériques efficaces en diable, une pincée d'humour, et un héros attachant et très boy-scout).

En plus de tout cela, ce Balto se paie le luxe d'une animation très honnête, sans aucune faille, même dans les scènes d'action les plus trépidantes ! Un beau tour de force signé Amblin, pour un petit film sympathique, de préférence à louer en vidéo histoire de le connaître, mais pas de là à se l'acheter en DVD !...

A ce sujet, sachez d'ailleurs qu'une suite OAV (exclusivement destinée au marché vidéo, donc) est disponible depuis le 20 février dernier. Balto 2, la quête du loup, puisque c'est son titre, n'aspire pas plus à entrer dans les annales du cinéma d'Animation, mais devrait sans peine rivaliser avec les pathétiques suites Disney (Le bossu de Notre-Dame 2, pitié !).

Une chose est sûre : avec l'existence d'une séquelle, je peux désormais vous raconter la fin du premier Balto, sans souci de vous en gâcher le dénouement. Devinez quoi ? Balto, il meurt pas.

Gersende Bollut



Fiche technique

- Origine : Etats-Unis - Couleurs - 1 h 14 mn.
- Date de sortie France : 1996.
- Production : Steven SPIELBERG et Steve HICKNER.
- Réalisateur : Simon WELLS.
- Doublage VO/VF : Kevin BACON/Emmanuel FRANCK, Bob HOSKINS/Laurent DONNAY, Bridget FONDA/Sophie BARADU NOME.
- Musique : Phil COLLINS.
- Box-Office France : NC.
- Sortie DVD : pas prévue dans l'immédiat (Sortie VHS : 05 février 1997).
- Lien Internet : http://baltosource.timduru.org/

 

"Nécessité fait gens mesprendre,
Et faim saillir le loup du bois"


François Villon