Blade
Runner
Un
immeuble monolitique en forme de pyramide, trônant au centre d'une mégalopole
surplombée de nuages, obstruant toute lumière et plongeant la scène
dans une pénombre orangée… Un œil, d'un bleu acier, contemple ce sinistre
décor où des geysers de flammes s'échappent des cheminées industrielles,
survolées par d'étranges véhicules ressemblant vaguement aux voitures
de notre ère...
Ainsi
commence Blade Runner, film de science-fiction réalisé par Ridley SCOTT
en 1983, se déroulant dans les rues d'un Los Angeles futuriste et ténébreux.
Epoque de cette fresque apocalyptique : 2019.
UN
SCÉNARIO
VISIONNAIRE ?
Qu'est-ce
qu'un blade runner, plus communément surnommé 'faucheur' ? C'est
un flic, payé pour tuer. Car en ces temps avancés, l'Homme a réalisé
un de ses rêves les plus fous : devenir Dieu. Ainsi, il a créé un être
vivant, à son image. Plus encore : il fabrique sa nouvelle image à la
chaîne.
Cet
être humain reconstitué, baptisé répliquant, est un esclave utilisé
comme main-d'œuvre dans les nouvelles colonies spatiales ; au mieux
comme ouvrier, au pire sur les champs de bataille, comme guerrier. Car
ses créateurs lui ont donné bien plus que la forme d'un être humain
normal. La dernière génération de répliquants, les Nexus 6, est dotée
d'une force et d'une agilité surhumaine. Ce n'est pas tout ! Les Nexus
6 ont une intelligence aussi développée que celle de leurs concepteurs,
voire supérieure. Mais les Nexus 6 ont-ils une âme ? S'agit-il de simples
robots, d'ersatz d'être vivant ou d'une nouvelle espèce humaine ? Et,
plus que cela, rêvent-ils ? Si oui, de quoi ? De liberté peut-être...
Bien
des années auparavant, une rébellion sanglante se produisit. Depuis
cette époque, tout répliquant est interdit de séjour sur Terre. Peine
infligée à tout contrevenant : la mort.
C'est
le rôle d'un blade runner : exécuter la sentence. C'est un chasseur
de répliquants. Et Rick Deckard en est un... Ou du moins, en était
un. Car au début de cette histoire on le retrouve assis sur une rambarde
de vitrine, attendant devant un restaurant japonais. Deckard a laissé
tomber son job. On s'y fait pas à ce business ; en tout cas,
pas lui. Alors qu'une place se libère sur le comptoir du petit resto
de rue, un étranger avec un vague accent japonais l'accoste, escorté
d'un flic en uniforme. Il s'agit de Gaff. Deckard comprend instinctivement
ce qui lui tombe dessus : il va devoir reprendre du service, quitte
à ce qu'on lui force un peu la main. Car une affaire peu ordinaire va
l'attendre. Pas simplement inhabituelle, mais aussi la pire qu'il n'ait
jamais eue : une navette a été détournée par pas moins
de six Nexus 6, après que ceux-ci aient tué les membres de l'équipage.
Or ils sont arrivés sur Terre, dans cette décharge qu'on nomme encore
Los Angeles. On ne connaît pas leurs réelles intentions, à part un objectif
précis : l'immeuble de la Tyrell Corporation, l'énorme pyramide plantée
au centre de la ville. L'un d'entre eux y a déjà été éliminé, grillé
par les champs de sécurité.
Un
second, Léon, y a été repéré, infiltré comme agent de maintenance par
un autre blade runner, bien connu de Deckard, un dénommé Holden
; un bon blade runner, mais pas assez bon en fin de compte...
Léon s'est échappé et Holden peut encore respirer, si l'on ne débranche
pas son poumon d'acier. Sur la requête de son ancien supérieur hiérarchique,
le ventripotent capitaine Bryant, Deckard va continuer la traque, celle
des autres répliquants rebelles. D'anciens soldats qui plus est ! Sa
tâche sera donc difficile. Surtout lorsque l'on tombe amoureux
d'une de ses cibles… La troublante Rachel Tyrell, ou plutôt celle qui
se croit être Rachel Tyrell, nièce du grand maître de la Tyrell Corporation,
alias Eldon Tyrell.
Tout
du long, Deckard aura à remettre en question sa nature même, celle d'être
humain. Léon, ou encore Zhora, Pris et Roy Batty, ces "gueules d'humain",
recherchés pour avoir commis le seul crime d'avoir foulé un sol aride.
Et pour quoi ? C'est ce que l'on découvrira par la suite…
UN
FILM COMPLEXE AUX ENJEUX MÉTAPHYSIQUES
Un
scénario tortueux ; c'est ce qui ressort en premier lieu, à la lecture
de cet avant-goût. Assez normal, en somme, lorsque l'on sait que ce
film est une adaptation, assez libre il est vrai, d'un roman écrit par
l'un des auteurs de science-fiction les plus reconnus du vingtième siècle
(avec Isaak ASIMOV) : Philip K. DICK. On doit à cet écrivain un grand
nombre d'ouvrages, dont quelques-uns ont donné des œuvres cinématographiques
plus ou moins importantes. On peut citer, dans le désordre, Total Recall,
Planète Hurlante ou plus récemment Minority Report.
Lorsque
je dis "adaptation libre", il faut bien comprendre que le film s'écarte
fortement du livre. Il en reprend l'idée de base, à savoir des tueurs
à gages mandatés pour traquer et 'retirer' des êtres fabriqués, appelés
dans le film des répliquants, l'univers glauque d'une cité-poubelle,
ainsi que les personnages de Deckard et du Nexus 6 Roy Batty. On reconnaît
aussi une ou deux scènes issues du bouquin. Pas plus. Le reste est une
refonte quasi-complète. Ce manque de respect vis-à-vis de l'œuvre originale
fit d'ailleurs, pendant de nombreuses années, l'objet d'un grand nombre
de critiques de la part des fidèles de Philip K. DICK. Mais le débat
n'en est plus là depuis longtemps, car force est de constater que le
film est à présent gravé dans l'histoire du Septième Art.
Pour
en revenir au scénario, celui-ci, comme tout bon scénario de science-fiction,
aborde de nombreuses questions propres à ce genre cinématographique.
Ainsi, on y retrouve les réflexions bien communes portant sur le fondement-même
de l'être humain : "Que sommes-nous ?" ou encore "Quel
avenir nous attend ?". Pour la seconde interrogation, on peut dire
que la vision du futur dans le film est pour le moins noire, gothique
même, à certains niveaux. Le monde est une vaste déchetterie, désertée
par la population, jugée apte à vivre dans des colonies de l'espace,
beaucoup plus accueillantes (enfin, c'est ce que l'on peut supposer
car celles-ci ne nous sont jamais montrées ; leur existence n'est attestée
qu'à travers les Nexus 6 venus sur Terre et les panneaux publicitaires
survolant sans répit la ville, vantant bruyamment les bienfaits de l'émigration)
et où la totalité, ou presque, des animaux rencontrés sont artificiels.
Revenons
à présent à la première question, à savoir quelle définition
peut-on donner d'un être humain ? Seulement à son apparence physiquo-chimique
et organique ? Dans ce cas, comment reconnaître un répliquant d'un humain
?
La
seule différence entre répliquants et humains se caractériserait par
l'absence de sentiments. Car les répliquants 'naissent' vides de toute
émotion. Pas d'émotion, pas de réaction physique liée à l'une d'entre
elle (raisonnement stupidement logique et terriblement froid !). Dans
la théorie, c'est de cette manière que les blade runners repèrent
les 'vrais' des 'faux' humains. Un équipement spécial, constitué d'une
liste de citations résolument choquantes et d'une mallette bourrée de
capteurs de réactions émotionnelles (ici, réflexe de dilatation de la
pupille du sujet interrogé), est mis à la disposition des chasseurs
de gueules d'humains : l'ESPER. Armés de leurs outils de mesure, ils
sont normalement capables, au bout de quelques questions, de déterminer
l'appartenance ou non à l'espèce humaine du suspect.
L'équipement
ESPER, redoutable
Cela
marchait bien pour les anciennes générations
de répliquants. Cependant les Nexus 6, le haut de gamme des produits
made in Tyrell Corporation, font exception à la règle. Des études ont
prouvé qu'au bout d'un certain temps, les Nexus 6 développaient ce qui
ressemblerait à des sentiments. Peur, amour, haine, envie… Tous ces
sentiments sont confus chez eux, mais peuvent exister. C'est pour cela
que leurs créateurs ont prévu une soupape de sécurité : leur durée de
vie (4 ans au maximum).
Nous
savons pertinemment que les réactions en face de situations considérées
comme choquantes sont relatives à la personne interrogée, relatives
à l'empathie de celle-ci. C'est là que le système ESPER montre ses limites.
Car si les sentiments sont dépendants du temps, chacun appréhende les
événements qui ponctuent sa vie de façon individuelle. L'apprentissage
des sentiments est relatif à l'expérience. Manquant de temps pour apprendre,
un Nexus 6 ne saura comment réagir et peut ainsi rester ce qu'il est
et ce pour quoi il est conçu : être la copie d'un être humain. L'humain
a le temps : il évolue et fonctionne selon ce qu'il a appris. Ses souvenirs
le guident. Notre mémoire serait-elle une clef à la réponse ? Un humain
est un être doué de sentiments forgés par l'expérience, gravée dans
ses souvenirs. Est-ce suffisant ? Pour Eldon Tyrell, oui. Pour lui,
Rachel en est une preuve, et l'interrogatoire du blade runner,
la confirmation. Deckard devra déployer toute sa patience pour mettre
à nu la véritable nature de cette mystérieuse femme.
Il
y arrivera. Pour Eldon, qui n'en est qu'au début de ses expérimentations
en la matière, le résultat est déjà concluant : deux fois plus de temps
que la normale ! Rachel est bien un répliquant mais ne le sait pas,
et commence seulement à s'en douter. Comment Eldon Tyrell s'y est-il
pris ? Comment a-t-il réussi à insuffler à sa création des sentiments
que le temps ne lui permet pas -normalement- d'acquérir, mais seulement
d'appréhender de façon fugace, juste avant une mort programmée ? Tout
simplement en lui donnant une base, un "coussin" (pour
reprendre ses termes), sur lequel asseoir ces prémices d'émotions. Il
lui a offert une mémoire, ou plus précisément des implants de souvenirs,
d'une personne bien humaine, elle… Le répliquant se rapproche de l'humain,
irrémédiablement. Alors comment faire la différence ? La question reste
en suspens...
L'HOMME
NE PEUT RÉPLIQUER
FACE À UN RÉPLIQUANT
(AH AH)
Au-delà
de la recherche de l'essence-même de l'Homme, le film propose bien d'autres
interrogations adjacentes. L'homme, peu sûr de sa propre nature, s'ingénie
à s'imiter, grâce à la voie de la Science. Il n'est plus seulement création,
il devient lui-même créateur. Eldon Tyrell, du haut de sa tour,
inaccessible au commun des mortels, se dresse fièrement au-dessus d'une
ville plongée dans les ténèbres.
On
retrouve ainsi l'image opposant les bas-fonds, enfer pour l'Homme et
les Cieux, avec son seul Dieu : Eldon Tyrell. Cette représentation biblique
est aussi renforcée par les nombreuses citations de Roy Batty, sorte
de prêcheur à la tête des répliquants en fuite. Pourtant, ce n'est pas
si simple. Car cette opposition forte entre les deux mondes -la ville
d'un coté, et la tour de la Tyrell Corporation de l'autre- a elle aussi
été érigée par la main de l'Homme. Et toute création étant à l'image
de son concepteur, ce Paradis n'en reste pas moins corruptible... et
corrompu. Toute personne tentant de s'en approcher est alors irrémédiablement
damnée, à l'image de J.F. Sebastian, généticien, ami et subordonné d'Eldon
Tyrell, ayant lui aussi participé à l'œuvre de son supérieur. Refermé
sur lui, il est condamné à survivre dans l'enfer de la ville, atteint
d'une maladie incurable (syndrome de Mathusalem -dégénérescence prématurée
des glandes), et de fait interdit de séjour dans les colonies de l'espace
de par son infirmité. Ces quelques exemples donnent toute la mesure
du cynisme de cette histoire, où l'Homme, tout en se cherchant une identité
propre, en vient à se condamner lui-même, entraînant dans sa chute toute
malheureuse créature qu'il peut côtoyer.
Le
film va même jusqu'à pousser le vice plus loin. L'Homme se cherche,
s'accrochant à sa seule conviction : c'est un être humain, même
s'il ne peut le définir avec précision. Il le sait, il le sent. Il s'en
souvient ! Mais que se passe-t-il lorsque cette certitude est ébranlée
? Deckard se croit humain. Rachel sera la première à lui montrer que
cette conviction peut n'être qu'une illusion, implantée dans un crâne
sous la forme de souvenirs qui ne sont pas siens. Alors pourquoi pas
lui ? Après tout, pour les chercheurs de la Tyrell Corporation, les
souvenirs semblent si faciles à injecter dans une cervelle vide de tout
sentiment... Alors Deckard est-il humain ? Pas si sûr finalement, car
la dernière minute du film est bien plus qu'explicite. Comment autrui
peut-il avoir connaissance de vos rêves ? La réponse est déjà toute
trouvée. Ceux qui ont pu visionner ce film auront compris l'allusion
faite à la licorne en origami que Deckard découvrira, juste avant sa
fuite avec Rachel. Que fait-elle là ?
Une
licorne en origami...
Dans
la première version de Blade Runner, celle de 1983, la
licorne n'a aucun sens. En effet, ce ne sera que dix ans plus tard,
dans la version director's cut que le voile se lèvera sur cette
énigme, lorsque Ridley SCOTT décidera de rajouter quinze secondes en
plein milieu du film. Sûrement les quinze secondes qui firent
le plus jaser dans l'Histoire du cinéma. Qu'y voit-on ? Pas grand chose
en vérité. Un rêve, que Deckard fait : celui d'une licorne
galopant dans une forêt. Mais additionné à celle de papier en fin de
film, laissée par ce flic étrange dénommé Gaff qui suit Deckard partout,
le trouble s'instaure : Deckard est-il un répliquant ? Peu de doutes
subsistent... Gaff connaît le contenu de la tête de Deckard, c'est évident.
Encore une fois, on peut noter toute l'ironie du scénario. Les hommes
sont allés jusqu'à utiliser des "gueules d'humains" pour les transformer
en tueurs de "gueules d'humains".
Un
répliquant qui rêve, qui éprouve des sentiments et possède des souvenirs
est-il encore réellement un être artificiel ? Et un répliquant chassant
d'autres répliquants ? La similitude en devient encore plus flagrante,
car ne dit-on pas que l'homme est un loup pour l'homme ? Ici, cette
expression conviendrait parfaitement à Deckard, dans un premier temps,
mais également dans un second temps à Roy Batty, lors du final (lorsqu'il
se transforme lui aussi en loup et que le chasseur devient alors chassé).
Ce jeu de chasse met en avant un autre aspect de la personnalité des
répliquants : la survie. Vivre à tout prix... En effet, leur intention
en arrivant sur cette planète maudite n'est autre que de trouver une
solution à un problème de taille : la Mort. Quatre ans. Voilà ce qui
leur est offert. Hélas, ils doivent mourir (c'est notre lot à tous !),
répliquants comme humains, égaux devant la Grande Faucheuse. En conséquence,
quelle différence entre un être humain et un répliquant ? Rien peut-être…
Pas
de réponse explicite, juste des images. C'est un jeu de piste qui est
offert au spectateur. Nous suivons la progression de l'enquête en même
temps que Deckard, sans avoir plus d'informations que lui, sans un commentaire
placé dans une conversation amenée de façon grossière pour nous indiquer
l'état de l'action. Si le scénario possède son lot de thématique et
de cynisme, il n'en reste pas moins qu'il est porté par une mise en
scène éblouissante, jouant d'une manière magistrale avec les représentations
visuelles. Les exemples à citer sont légion : les écailles retrouvées
dans la baignoire de l'appartement de Léon, le zoom d'une photo sur
une robe à paillettes, les origamis de Gaff… Tout est dévoilé par l'image
d'une scène suivante, lorsque Deckard met le doigt sur ce qu'il recherchait.
A aucun moment, aucune voix off, aucun dialogue intempestif ne viendra
nous aiguiller. Notre attention est mise à rude épreuve. Mais quel plaisir
de se laisser guider par un blade runner !
Aussi,
nous avons une mise en scène qui contraste étonnamment avec son sujet
orienté science-fiction, lorgnant davantage sur le film noir dont elle
reprend l'intégralité des règles : cadrages, jeux de lumière, photographie,
mais aussi construction. Deckard est un investigateur, complexe, d'apparence
froide et désabusée, sans illusion sur la vie, mais qui déteste son
boulot. Durant son enquête, il croisera une femme fatale, brune, troublante,
apparemment victime, mais qui reste fortement liée à l'affaire, et dont
la silhouette s'évanouit dans un écran de brouillard avec un regard
dissimulé derrière une volute de fumée de cigarette.
Rachel,
assurément énigmatique...
Les
criminels ont eux aussi une personnalité fort fouillée.
Ce sont des êtres qui cherchent avant tout à vivre, tout en n'hésitant
pas à sacrifier cette vie à laquelle ils tiennent tant pour arriver
à leur but. Ce sont des esclaves, qui ont du mal à comprendre ces sensations
qu'ils ressentent et qu'ils ne peuvent définir exactement. Ils restent
cependant féroces et dangereux...
Peu
de soleil visible dans cette mégalopole survolée d'un épais nuage de
pollution, déversant ses trombes d'eau de manière quasi-incessante.
Les seules sources de lumière sont les néons froids qui tapissent les
devantures des rues, transperçant les stores fermés d'une pièce, ou
une rangée de bougies dans l'appartement privé d'Eldon Tyrell. L'architecture,
inspirée par certains aspects du Metropolis de Fritz LANG, n'en donne
pas moins une impression de nostalgie, bâtie de pierres massives à la
façon des édifices du début du siècle précédent. Les spinners,
étranges engins volants, jonchent des rues où ils côtoient des taxis
jaunes tout droit sortis des grands classiques noir et blanc, ou encore
des véhicules des années cinquante. Les habits des protagonistes renforcent
cette idée. Alors que les piétons sont un mélange de punks et de moines
bouddhistes en toge, Deckard se trimballe dans un imperméable usé et
Rachel arbore un manteau de fourrure sorti d'un film noir de l'âge
d'or du cinéma holywoodien…
Autre
particularité de ce long métrage : l'accent est porté avant tout
sur les personnages et sur la brutalité de leurs rencontres dans ce
monde déchu. Caractéristique intéressante (déjà abordée dans de nombreux
articles sur ce film) : l'assimilation d'animaux à chacun des caractères
présents.
Ainsi,
Léon, le premier répliquant, peut se comparer à une tortue (esprit lent,
toujours à la traîne, ne cherchant jamais à s'exposer, perpétuellement
en retrait derrière son chef). Zhora s'exhibe sur la scène du bar Taffy
Lewis avec un serpent. Roy batty est un prédateur, tout comme le coyote
qui hurle à la mort dans la séquence finale. Eldon Tyrell, tout comme
son grand duc, reste perché dans sa tour, contemplant la ville et ses
habitants grouiller dans l'abîme des rues. Enfin, on peut citer le cas
du personnage principal, Deckard, dont la vision
chimérique de sa banale vie d'être humain trouve son écho dans celle
de la licorne...
DE
LA SCIENCE-FICTION... PAS SI FICTIONNELLE QUE ÇA
De
nombreux
sujets abordés sont ainsi des thèmes préoccupants à l'heure actuelle
: dérive génétique, surpopulation, détérioration de l'habitat, pollution...
Film prémonitoire ? Non. Ridley SCOTT n'en a pas la prétention. Il n'en
reste pas moins que Blade Runner est une merveille. Encore à l'heure
actuelle, ce film est présenté comme la référence en matière d'imagerie
baroque et gothique, précurseur et instigateur du cyberpunk. J'aurais
également pu m'attarder sur la bande originale du film, écrite
par l'un des compositeurs les plus talentueux du vingtième siècle :
Vangelis, à qui l'on doit des œuvres telles que les Chariots de Feu
ou encore 1492 (film à l'occasion duquel il retrouvera Ridley SCOTT).
Je
concluerai en posant cette simple question : combien de films ont véritablement
marqué de leur empreinte le cinéma de science-fiction ? Pour moi, seulement
trois. Le premier : Metropolis de Fritz LANG, qui posera les fondations
d'un style audacieux à l'architecture dantesque de mégalopoles futuristes,
froides et inhospitalières. Le second : l'incontournable 2001, l'Odyssée
de l'espace (Stanley KUBRICK), qui amènera avec lui la vague des films
de science-fiction 'réalistes'. Et enfin Blade Runner, qui contribuera
à sceller l'imagerie noire, délaissant les lasers et autres pistolets
désintégrateurs... pour des armes plus conventionnelles.
Un
monde apocalyptique, si proche du nôtre, au point d'en frémir...
et de nous faire méditer sur nous-même, nos actes et notre avenir.
Frédérick
Vanderbeke
Fiche
technique
- Origine : Etats-Unis - Couleurs - 1 h
57 mn.
Interdit aux moins de 12 ans.
- Date de sortie France : 15 septembre
1982.
- Production : Michael DEELEY et Ridley
SCOTT.
- Réalisateur : Ridley SCOTT.
- Scénario : David PEOPLES et Hampton FANCHER.
- Casting : Harrison FORD (Rick Deckard),
Sean YOUNG (Rachel Tyrell), Rutger HAUER (Roy Batty), Daryl HANNAH (Pris),
Brion JAMES (Léon), Joanna CASSIDI (Zhora), William SANDERSON (J.F.
Sebastian)...
- Musique : Vangelis.
- Box-office France : 2.040.168 entrées.
- Sortie DVD : 29 septembre 1999.
- Lien
Internet : www.bladezone.com
(fan-club online)
EN
+ : Vous pouvez vous procurer le roman original de Philip
K. DICK (titre original : Do androids dream of electronic sheep ?
et Blade Runner par la suite), aux éditions J'ai Lu [ISBN
: 2290314943]. Trois autres romans, écrits par K.W. JETER, suivront
: Blade Runner 2, l'Âge des humains [J'ai Lu - ISBN : 2277260053],
Blade Runner 3, Replicant night [J'ai Lu - ISBN : 2290310638]
et Blade Runner 4, Eye and talon [uniquement en import GB chez
Gollancz - ISBN : 0575068655].
|
|
|
|
"Combien
de films ont véritablement marqué de leur empreinte le cinéma
de science-fiction ? Metropolis, 2001, l'Odyssée de l'espace et... Blade
Runner"
|