Le
bossu de Notre-Dame

Je
dois être maso. Ou pris d'une envie irréfrénable de gaspiller mes pécules
si chèrement économisés. Tel un gouffre à fric, suis-je une véritable
victime de cette société capitaliste prête à tout pour nous vendre le
veau d'or ? On pourrait le penser. Et pourtant, il n'en est rien (ou
pas tout à fait, du moins, mais laissez-moi m'expliquer). Car, véritable
massacre dans les règles du chef-d'œuvre de la littérature française
de Victor HUGO, Le bossu de Notre-Dame sauce Disney est assez imbuvable.
Un Phoebus qui n'a plus rien à voir avec l'original, une Esméralda qui
ressuscite à la fin, et par-dessus le marché un Quasimodo qui, avec
une laideur repoussante, ne peut décemment avoir cette voix de chanteur
à minettes (Francis LALANNE, qu'est-il venu se fourrer dans cette galère
?). Pour un peu, on croirait assister à l'autobiographie (cette fois
respectée, semble-t-il) de Patrick FIORI…
Trêve de plaisanteries, ce film
d'animation n'est effectivement pas le meilleur cru Disney, et les passionnés
de littérature hurleront légitimement à l'hérésie. Néanmoins, le DVD
paru en novembre 2001 peut mériter que l'on s'y arrête un instant. Disney
a l'art et la manière de raconter les histoires (aussi librement inspirées
soient-elles), et surtout sait mettre en œuvre toutes les ressources
actuelles dans le domaine de l'Animation, pour flatter nos rétines…
Certaines scènes sont donc ahurissantes de virtuosité et de maîtrise
technique, en témoigne cette envolée dans les airs de Quasimodo, tenant
dans ses bras une Esméralda ankylosée (ayant subi le même sort que la
pucelle d'Orléans), ou cette Fête du Charivari, avec moult effets visuels
impressionnants (on est bien forcé de l'avouer).
Les chansons sont également réussies
dans l'ensemble, avec un cru qui n'a rien à envier à Tarzan ou Aladdin
(sans égaler la maestria du Roi Lion). Avec un Frollo plus méchant que
nature et des mendiants plus pauvres que dans la " vraie vie " (eh oui,
c'est ça, la magie Disney), Le bossu de Notre-Dame en donne pour son
argent, faute d'en donner véritablement pour sa culture cinéphilique.
Encore qu'on retiendra que c'est grâce à ce film que Paul et Gaëtan
BRIZZI (responsables du final très miyazakien de Fantasia 2000) se sont
fait connaître. C'est en effet ces deux frangins bien de chez nous qui
ont bossé sur les séquences impressionnantes mettant directement en
scène la cathédrale parisienne mythique.
Les bonus présents sur ladite
édition DVD sont à l'image du film, pour ainsi dire assez malhonnêtes.
Les animateurs eux-mêmes présentent une comparaison story-board/scène
achevée, ainsi que quelques surprises (scène coupée, idées abandonnées…)
qui mettent tout juste l'eau à la bouche du consommateur, faute de le
rassasier. Eh oui, c'est ça la société de consommation… car comme dirait
un expert en marketing : " point trop n'en faut, il convient d'en garder
pour plus tard… Enfin vos sous, on peut toujours vous en délester maintenant,
si vous insistez ". Dura lex, sed lex…
Gersende Bollut

Fiche d'identité
- Titre original : The Hunchback of Notre-Dame.
- Origine : Etats-Unis - Couleurs - 1 h
27 min.
- Date de sortie France : 27 novembre 1996.
- Production : Walt DISNEY.
- Réalisateur : Gary TROUSDALE et Kirk
WISE.
- Scénario : Gab MURPHY, d'après l'œuvre
de Victor HUGO.
- Doublage VO : Tom HULCE, Demi MOORE,
Kevin KLINE…
- Musique : Alan MENKEN et Stephen SCHWARTZ.
- Box-office France : 6.840.859 entrées.
- Sortie DVD : 31 octobre 2001.
- Lien Internet : www.disney.fr/DisneyVideos
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"Le
cinéma d'animation, c'est l'univers où règne la
Bête, c'est-à-dire le monstre. La Belle n'est là
que comme le faire-valoir car elle présente peu d'intérêt,
enfermée comme elle est dans son enveloppe réaliste"
René
Laloux
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