Le
Boulet
Ayant
atterri un peu par hasard dans une salle de cinéma qui projetait Le
Boulet, je me suis prise au jeu et fait un devoir d'analyser pour Frames
ce film puisque le site manque cruellement de critiques sur le cinéma
national, peut-être à juste titre d'ailleurs…
Nos réalisateurs nous ont curieusement
habitué à sortir en salle de vrais chefs d'œuvre ou de vrais navets,
rarement des films 'tièdes'. Le Boulet serait pourtant à classer dans
cette dernière catégorie, frôlant tour à tour le grotesque et la comédie
de bon niveau. Alain BERBERIAN donne l'impression de ne pas être allé
au bout de ses idées, de ne pas avoir osé exploiter son imagination,
de peur sans doute de basculer dans le délire ou de traîner en longueur.
On regrette pourtant de ne pas comprendre comment s'établit une pseudo-complicité
entre Benoît POELVOORDE-gardien de prison et Gérard LANVIN-prisonnier,
qui lui prodigue, Dieu sait pourquoi, des conseils pour son ménage…
Alors que l'intervention de BENGUIGUI en marchand est en revanche purement
sans intérêt, n'amenant ni rires ni suspense supplémentaires. Trop de
personnages tuent les personnages !
Le scénario, bien qu'un peu tiré
par les cheveux, tient à peu près la route et BERBERIAN est parvenu
à ne pas (trop) tomber dans le cliché de La Chèvre, ce que l'on pouvait
craindre. Le film manque cependant de rebondissements, avec un dénouement
trop prévisible, mais quelques bons acteurs rattrapent la mayonnaise.
Une scène réussie et drôle, Pauline/Conchita alias Rossy de PALMA qui
danse un rythme endiablé avec José GARCIA, rappelle de loin ALMODOVAR
voire TARANTINO (j'ai dit de loin), un peu de folie dont BERBERIAN n'a
malheureusement pas su abuser.
Trop de frilosité donc et de facilité
pour que ce film marque : il restera au stade de petite comédie pour
passer bientôt aux oubliettes. Dommage, des scènes comme celle de la
formule 1 où POELVOORDE se prend au jeu et veut gagner la course -oubliant
l'objet de leur présence dans le désert- rappelle étrangement VILLERET
qui explose de joie dans Le Dîner De Cons : "On a les droits !!". On
sourie également quand POELVOORDE, déguisé en noir (note perso : on
dirait Jack Lang !), et sensé passer incognito, s'étonne de n'être pas
reconnu par son propre voisin de quartier. Mais dans l'ensemble, le
film manque de sel (et de poivre !) pour prétendre rivaliser avec, par
exemple, ceux de Francis VEBERT, Patrice LECONTE ou Coline SERREAU.
Alain BERBERIAN s'autocensure
pour mener à bien son histoire, sans se permettre de parenthèses, quand
le scénario ici devrait n'être qu'un simple fil conducteur. Il se jette
à l'eau mais n'éclabousse pas, du coup on reste sur sa soif !
Servanne Bollut
Fiche technique
- Origine : France - Couleurs - 1 h 47.
- Date de sortie France : 10 avril 2002.
- Production : Thomas LANGMANN.
- Réalisateurs : Alain BERBERIAN et Frédéric
FORESTIER.
- Scénario : Thomas LANGMANN.
- Casting : Gérard LANVIN, Benoît POELVOORDE,
José GARCIA...
- Musique : Krishna LEVY.
- Box-Office France : en cours d'exploitation.
- Sortie DVD : fin 2002.
- Lien Internet : http://www.leboulet-lefilm.com
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"Alain
BERBERIAN donne l'impression de ne pas être allé au bout de ses idées,
de ne pas avoir osé exploiter son imagination, de peur sans doute de
basculer dans le délire ou de traîner en longueur"
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