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Dinosaure


Aladar est un dinosaure qui a grandi paisiblement au sein d'une bande de lémuriens. Un jour, une pluie de météorites l'oblige, lui et les "siens", à quitter leur île, ancien havre de paix, vers une Terre Promise plus verte et fertile. En chemin, il rencontrera des dinos de son espèce… et aura fort à faire avec de redoutables T-Rex. De ce postulat totalement bidon (calqué à la ligne près sur le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles), les studios Disney avaient en décembre 2000 l'ambition de révolutionner le cinéma numérique. Rien que ça.

Pari raté, Dinosaure pêchant irrémédiablement par son scénario cul-cul et convenu, gravement ankylosé de tous les clichés possibles et imaginables, faisant de ce long métrage une sorte de synthèse de tous les codes disneyens plombés d'idéologie régressive. Avouons pourtant que les images, époustouflantes de beauté et de réalisme, auraient pu rattraper le tout, et faire passer sous silence ce fâcheux incident. En vain.

Les ficelles sont si grosses, les situations si prévisibles et les ressorts si peu imaginatifs, que le public s'ennuie ferme, malgré toute la bonne volonté du monde. Admettons par contre que le plus jeune public sera peut-être pour une fois moins regardant, le film remplissant le cahier des charges que cette cible est en droit d'attendre (morale bien-pensante, personnages stéréotypés, touche d'humour introduite par le lémurien-Jamel, dénouement heureux...). Pour autant, doit-on prendre ce public peu aguerri pour crétin ? Pour exemple, à ma souvenance, les dinosaures ne parlaient pas (heureusement que la production DreamWorks Spirit ne tombe pas dans le même écueil, en voulant à tout prix faire parler des animaux...).

Un point positif est pourtant à signaler, dans l'absence totale de chansons niaises, qui sauve in extremis une histoire agréable à suivre esthétiquement parlant, mais profondément navrante donc, dans ses enjeux dramatiques (on n'en a rien à faire qu'Ala-machin chose trouve ou pas la Terre Promise). Dinosaure échappe de fait à l'étiquette de nanar, mais déçoit tout autant -et même davantage- que Final Fantasy -les créatures de l'esprit.

Tous deux jouant dans le registre si convoité de la claque graphique, les longs métrages se révèlent pourtant être au final une pathétique mascarade, véritable esbroufe qui consiste à en mettre plein les rétines, au détriment d'un scénario digne de ce nom. Pourtant, au contraire du film issu des studios de Square Pictures, le long métrage en images de synthèse de chez Disney a connu un succès honorable, principalement outre-Atlantique. Mais Dinosaure annonçait une flopée de films dans la même lignée : creux et dénués d'imagination, mais bénéficiant de la technologie dernier cri (Shrek, Final Fantasy, l'Age de Glace). L'on exceptera ici les productions estampillées Pixar, qui font figure de réussites à tous les niveaux, prouvant que l'on peut allier technique somme toute balbutiante et scénario intelligent. Comme quoi, à l'impossible, nul n'est tenu...

La déception est d'autant plus grande que le teaser original présenté début 2000 laissait prévoir de grandes choses, avec des images bluffantes qui renvoyaient aisément ad patres la (déjà) révolution technologique amorcée par Jurassic Park. Avec une musique sublime et une mise en scène alerte faite de plans d'une virtuosité confondante, le teaser, d'une durée de cinq minutes tout de même, nous laissait assurément l'eau à la bouche. Autant dire que l'heure et quart qui s'ensuit (puisque le teaser en question a été laissé en ouverture du film) paraît fade, insipide, inutile et sans le moindre intérêt. Un gâchis monumental de bout en bout, le pré-générique mis à part, qui se distingue assurément comme un peu de finesse dans un film d'abrutis...

Un long métrage à voir pour ce qu'il est, donc : magnifique (l'édition collector 2 DVDs lui rend d'ailleurs justice à cet égard), mais vraiment pas transcendant en terme de créativité scénaristique. "Un film magnifiquement animé mais creux comme un oeuf vide", pour reprendre la réflexion d'un internaute (lue sur AlloCiné.com). L'une des 17 erreurs à ne pas commettre dans un scénario est celle des situations téléphonées (ou jeu de con) qui consiste à ce que le spectateur devine bien à l'avance le dénouement de l'histoire, et même les probables rebondissements... Disney devrait réviser ses classiques (au sens figuré, et non propre, si l'on s'en réfère à ses navrants OAV !).

Gersende Bollut



Fiche technique

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Titre original : Dinosaur.
- Origine : Etats-Unis - Couleurs -
1 h 22 minutes.
- Date de sortie France : 29 novembre 2000.
- Production : Pam MARSDEN/Walt Disney Pictures.
- Réalisateurs : Eric LEIGHTON et Ralph ZONDAG.
- Scénario : Walon GREEN, Thomas ENRIQUEZ, John HARRISON, Robert NELSON JACOBS, Ralph ZONDAG et Rhett REESE (pour quel résultat !).
- Doublage VO : D.B. SWEENEY, Alfre WOODARD, Ossie DAVIS, Max CASELLA, Hayden PANETTIERE, Samuel E. WRIGHT, Julianna MARGULIES...
- Musique : James NEWTON HOWARD.
- Sortie DVD : 15 mai 2001 (28 novembre 2001 pour l'édition Collector).
- Lien Internet : www.disney.fr/DisneyVideos

 

"Un long métrage à voir pour ce
qu'il est : magnifique, mais pas transcendant en terme de créativité scénaristique
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