Evil
Dead II

En
1987, cinq ans après son chef-d'œuvre horrifique, Sam RAIMI
en remet une louchée avec Evil Dead II et signe cette fois un
film aussi inclassable qu'enthousiasmant qui n'est ni vraiment une suite,
ni une deuxième plongée dans l'horreur pour l'horreur.
Le
film est une revisite du premier opus qui conserve certains personnages
(Ash et sa femme) pour en délaisser d'autres et les remplacer.
De nouvelles figures apparaissent donc : un couple de l'Amérique
profonde et un autre formé de la fille du professeur qui a réveillé
les esprits démoniaques et de son compagnon.
ON
PREND LES MÊMES... ET ON CHANGE TOUT
Des
composants de la narration de la première mouture restent en
place : le pont détruit, la forêt vivante avec ses arbres
dangereux, le jeu sur le miroir, la folie douce qui envahit Ash (et
les autres)… Tout se passe comme si le spectateur découvrait
l'histoire d'Evil Dead sous un angle original. L'action démarre
immédiatement, au bout d'à peine cinq minutes la femme
de Ash est possédée et tuée avec la tête
coupée. Suivent les tribulations de Ash face aux démons
et l'arrivée tardive des autres protagonistes.
Certains
éléments de la mise en scène primitive ont été
conservés à l'image des fragments de l'histoire qui ont
été gardés. La polarisation particulière
qui identifie le spectateur au démon est présente par
bribes, la relation amoureuse entre Ash et sa femme occupe toujours
une position importante avec le même pendentif. Cependant avec
Evil Dead II on nage dans le burlesque le plus total. D'abord le spectateur
se fiche de l'histoire d'amour car il n'a pas eu le temps de s'attacher
au couple (moins de cinq minutes c'est court), donc il va jusqu'à
rire parfois lorsqu'il voit Ash se meurtrir ; d'autre part le genre
horrifique est mutilé par le traitement humoristique adopté
par l'auteur. Certaines scènes sont dignes des œuvres de
Buster KEATON, notamment lorsque Ash lutte contre sa main possédée
dans un terrifiant jeu d'acteur. Mais surtout, après avoir joué
avec les recettes de l'épouvante, Sam RAIMI s'amuse à
mélanger les genres et il en résulte une dédramatisation
des séquences horrifiques.
Tout
y passe : l'horreur bien sûr, la course-poursuite du polar au
début de l'histoire (sauf qu'ici Ash est poursuivi par une force
invisible dans la forêt plutôt que par une autre voiture
en agglomération), le burlesque dans de nombreuses situations,
le thriller avec une scène ressemblant à s'y
méprendre à Psycho (lorsque Ash tire un rideau dans un
plan quasi-identique à la scène de la douche du film d'HITCHCOCK),
le fantastique avec à la fin une dimension parallèle qui
s'ouvre dans un festival d'effets lumineux, le thème du super-guerrier
lorsque Ash se greffe une tronçonneuse à la place de la
main et que ses vêtements déchirés révèlent
ses muscles ("J'y vais" clame dans une légère
contre-plongée notre héros qui semble à la fois
sorti du manga Cobra et d'un film d'action), enfin le super-guerrier
se transforme en demi-dieu lorsqu'il voyage à travers le temps
et se retrouve au Moyen-Age l'élu des hommes pour lutter contre
le démon et la mythologie se mêle au film historique.

Massacre à la tronçonneuse - le
retour
Au
final, s'il ne fait pas vraiment peur, Evil Dead II s'avère être
un excellent cocktail survitaminé de rire, de sursauts et d'action.
La réalisation est on ne peut plus inspirée, et Sam RAIMI
fait incontestablement partie des meilleurs metteurs en scène
contemporains dans mon cœur. Voilà c'est dit.
Guillaume
Briquet
Fiche technique
- Origine : Etats-Unis - Couleurs - 1 h
25 mn.
. Interdit aux moins de 12 ans.
- Date de sortie France : 8 juillet 1987.
- Production : Robert G. TAPERT, pour Renaissance
Pictures.
- Réalisateur : Sam RAIMI.
- Scénario : Sam RAIMI et Scott SPIEGEL.
- Casting : Bruce CAMPBELL (Ash), Sarah
BERRY (Annie Knowby), Dan HICKS (Jake), Denise BIXLER (Linda), Kassie
DePAIVA (Bobbie Joe), Richard DOMEIER (Ed Getley), Sam RAIMI (le chevalier)...
- Musique : Joseph LoDUCA.
- Box-Office France : 548.741 entrées.
- Sortie DVD : 14 octobre 2003.
|
|
|
|
"Après
avoir joué avec les recettes de l'épouvante, Sam Raimi
s'amuse à mélanger les genres et il en résulte
une dédramatisation des séquences horrifiques"
|