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Futurama



Les Simpson amorçaient à la fin des années 80 une tendance aux séries animées trash, dans laquelle s'inscriront par la suite d'autres productions télévisées du même acabit (pour des résultats plus ou moins heureux), de King of the Hill à South Park, en passant par Beavis and Butt-Head et autres Dilbert et Daria. Tenant bon en ce qui le concerne -avec un succès d'audience qui ne s'essouffle guère-, Matt GROENING ne pouvait visiblement en rester aux Simpson.

Trop proche de nous, cette famille américaine (très) moyenne évolue dans un univers et une charte graphique à respecter parfois trop contraignant, et l'humoriste, qui s'était fait les dents sur la bédé Life in Hell (en VF, La vie c'est l'enfer, et ses déclinaisons L'amour, L'école, etc.), souhaitait développer en parallèle un univers totalement loufoque, qui lui permettrait en outre de rendre un hommage appuyé à un genre qu'il vénère depuis sa plus tendre enfance : la science-fiction futuriste. Délire, non-sens et univers débridé dans un avenir des plus lointain, ainsi est née Futurama.


UNE GALERIE DE PERSONNAGES DESOPILANTE

Avant de s'attarder sur l'importance scénaristique de chaque protagoniste, cadrons un peu la situation générale, afin de comprendre le pourquoi du comment. Philip J. Fry, jeune loser malgré lui du 20ème siècle, se trouve propulsé en l'an 3000 par cryogénisation forcée -suite à une bévue insensée. Là, il trouve une civilisation totalement différente, et se fera accueillir dans l'équipe de Planet Express, une boîte de livraison interplanétaire dirigée par son arrière-arrière (…/…) petit neveu, un certain professeur Farnsworth, qui n'a plus toute sa tête.

A partir de ce postulat déjà passablement barré, la série brosse une savoureuse galerie de personnages, et tisse entre eux une série d'interactions absolument cocasses. D'autant que, à l'instar des Simpson, le premier épisode-pilote nous met d'emblée dans l'ambiance (avec des caractéristiques propres à chaque personnage, déjà bien affirmées), au point que cet univers absurde nous paraît pourtant familier. Si l'on côtoie depuis une bonne dizaine d'années Homer, Marge et autres Bart Simpson, il suffit de quelques minutes pour trouver ses marques avec Fry, Bender et autres Leela... la magie opère, quoiqu'on fasse ! La faute en incombe au style inimitable du génial Matt GROENING, style reconnaissable entre tous.

Dans le détail, voyons donc l'importance sociale et scénaristique de chaque personnage. Ou comment, du perso le plus important au second ou troisième rôle a priori quantité négligeable, tout le monde est incontournable dans la grande famille de la série Futurama !

- Fry : jeune adulte du XXème siècle, il a débarqué en l'an 3000 contre son gré, mais s'y trouve finalement plutôt bien. Pas futé et "un peu long à la détente", Fry est l'américain-moyen qui préfère bière, femmes et télé à la nourriture intellectuelle. Aura une brève liaison avec Amy, puis s'intéressera de près à Leela.

- Bender : le personnage le plus veule et lâche de la série ! Jean-foutre, Bender est un robot alcoolique et dépravé (et fier de l'être), d'un égoïsme sans bornes. L'un des principaux ressorts comiques de la série. Réplique-culte : "salut, bande de nazes".

- Leela : chef de l'équipage Planet Express, cette cyclope est la dernière survivante de son espèce. Autoritaire dans le travail mais finalement clémente avec ses amis, elle n'aura de cesse de se faire draguer par Fry à partir de la 3ème saison... Féministe dans l'âme, elle sait en outre très bien se défendre.

- Professeur Farnsworth : vieux débris de la série qui, du haut de son centenaire bien tassé, cultive l'égoïsme et la flemme avec une désinvolture assumée. La moitié du temps en pyjama/robe de chambre. Tout le temps en chaussons. Réplique-culte : "Excellente nouvelle les amis..."

- Hermès : ce rasta est le comptable-trésorier de l'équipage du Planet Express. Grand expert en limbo, il n'hésite pas à piquer une crise si les recettes de la compagnie dégringolent.

- Dr. Zoïdberg : la tête de turc de la série ! Poulpe sur pattes (soi-disant) diplômé en médecine, Zoïdberg se fait constamment houspiller par ses pairs, qui n'ont que mépris et indifférence pour lui.

- Amy : le quota asiatique de la série. Séduisante, elle n'en est pas moins prétentieuse (et ne cesse de provoquer Leela, concurrence féminine oblige). Un personnage somme toute secondaire.

- Zapp Branigan : capitaine d'un genre tout particulier. Très porté sur le sexe, que ce soit avec une cyclope -son aventure avec Leela a fait jaser- ou avec la gent masculine, s'il le faut... Il est d'une grande prétention (infondée), puisqu'incompétent dans son boulot, en plus d'être fondamentalement lâche et égocentrique.

- Kiff : subalterne extra-terrestre du capitaine Zapp Branigan, Kiff est le souffre-douleur de son supérieur. Sa brève liaison avec Amy restera sans suite. Sa timidité excessive n'y est sans doute pas étrangère.

- Nibbler : l'animal-mascotte de l'équipage Planet Express. Sous son air d'adorable toutou à trois yeux, cette bestiole engloutit tout ce qui se passe à sa portée. Elle vient cependant d'une planète surdeveloppée (et sait donc parler). Le chouchou de Leela, sa mère adoptrice...

- Mom : vieille acariâtre qui ne pense qu'au profit régulier de sa société. Après une farouche bataille avec Fry pour quelques anchois, elle finira par être séduite à nouveau par Farnsworth, au cours d'un sordide complot de la team Planet Express !

- les policiers : foncièrement bêtes et méchants, ils représentent le laisser-aller de la bureaucratie du 3ème millénaire. Foncent dans le tas et ne font pas de détails.

En marge de ces personnages, il convient de s'arrêter brièvement sur quelques éléments récurrents de la série (ou qui ont marqué de leur présence quelques épisodes) : Beelzebot, qui régit l'enfer des robots (où Bender fera un bref séjour) ; Calculon, robot-vedette de la série télé préférée de Fry et Bender (De Tous Mes Circuits) ; Wernstrom, ancien élève et désormais ennemi juré du professeur Farnsworth ; Scruffy, le concierge du bâtiment de la Planet Express (il passe inaperçu car il passe le plus clair de son temps à bouquiner dans la cave) ; Elzar, le chef-cuisinier d'un restaurant haut de gamme, dont Bender est un fan absolu ; Michelle, l'ex de Fry restée au XXème siècle (sauf le temps d'un épisode) ; ou encore le Fermier de la lune et sa Choupinette, robot mastodonte courtisée par Bender... tous ces seconds rôles enrichissent une série forte de protagonistes au charisme inégalé !


DES REFERENCES EN PAGAILLE

Le premier épisode de Futurama, diffusé le 28 mars 1999 aux Etats-Unis, a été suivi par 19 millions de téléspectateurs. La série emploie 22 auteurs et 120 dessinateurs, sans compter les coloristes. Un an plus tard, elle arrive sur Kanaal 2 (une chaîne néerlandophone de Belgique), puis -enfin- sur la chaîne cryptée Canal +. Les fans des Simpson succombent sans résistance à ce nouveau délire du grand Matt. Les plus jeunes y trouvent leur compte de situations délirantes un brin matures ("comment ça, une seule robo-pute et vous appelez ça une fête ?" -dixit Bender), tandis que les plus aguerris savourent la multiplicité de références, plus ou moins appuyées.

En effet, science-fiction oblige, les références cinématographiques affluent comme autant d'abeilles sur un pot de miel. L'humour non-sensique est au service de ces clins d'oeil toujours bien vus, parodiant allègrement Star Wars et Star Trek (incontournables !), Macadam Cowboy, Charlie et la Chocolaterie ou Titanic, pour le plus grand plaisir des fans de cinoche. Les guest-stars sont également régulières, à l'image de Léonard NIMOY (alias Spok de Star Trek), Pamela ANDERSON, ou même Lucy LIU (Charlie et ses Drôles de Dames), qui occupe l'intrigue principale de tout un épisode -hilarant.




DU QUARANTIEME DEGRE ?

Il est bien évident qu'il faut un esprit déjà critique et acerbe (certains diront 'lucide') sur la société environnante, pour adhérer à l'esprit de Futurama. Car toute délirante qu'elle semble être, la série futuriste de Matt GROENING n'en est pas moins le reflet critique de notre société contemporaine. Une société fondée sur l'égocentrisme d'une population globalement amorphe, son indifférence face aux questions de l'environnement, et son côté 'moutons de Panurge', suivant à la lettre toutes les instructions délivrées par les mass-médias. Outre cette critique patente, les concepteurs de Futurama ne se privent pas pour glisser dans la série quelques opinions bien senties sur l'univers de la sous-culture, voire sur la gestion douteuse aux affaires de certains hommes politiques (Richard NIXON fait office de tête de turc de manière redondante !).

Toutes ces critiques régulièrement martelées confère à Futurama l'idée d'une série satirique qui, sous l'air de ne pas se prendre au sérieux, n'en pense pas moins, et ne se prive pas pour le dire. C'est l'une des raisons qui vient de pousser la Fox à mettre un terme à la série. Il n'y a pas de fumée sans feu...

Gersende Bollut


Fiche technique

- Origine : Etats-Unis - Couleurs - 13 épisodes par saison.
- Production : Alex JOHNS et Mili SMYTHE, en co-production avec The Curiosity Company et la Twentieth Century Fox TV.
- Réalisateurs : Peter AVANZINO, Brette HAALAND, Brian SHEESLEY, Greg VANZO, Susie DIETTER, Kevin O'BRIEN, Ron HUGHART, Jeff LYNCH, Carlos BAEZA...
- Scénario : Matt GROENING et David X. COHEN.
- Doublage VF : Bernard TIPHAINE (Bender), Alexis TOMASSIAN (Fry), Jean-Pierre MOULIN (Professeur Farnsworth), Blanche RAVALEC (Leela)...
- Musique : Christopher TYNG.
- Sortie DVD : 21 mai 2002 (pour la saison 1).
- Lien Internet : http://futurama.platomic.com

 

"Toute délirante qu'elle semble être, la série futuriste de Matt GROENING n'en est pas moins le reflet critique de notre société contemporaine"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


























 

 

 

 

 

 



"Le style inimitable de Matt GROENING est reconnaissable entre tous : il suffit de quelques minutes pour trouver ses marques avec Fry, Bender et autres Leela... la magie opère, quoiqu'on fasse"