Mary
et Max Traitant aussi bien de souffrances dues à l’obésité, l’alcoolisme ou la frustration sexuelle, que de maladies telles que la cleptomanie, l’agoraphobie ou l’autisme, le cinéaste hante ses personnages de questions existentielles touchant à la fois à l’intime et à l’universel, au dérisoire et à la gravité, provoquant notre immédiate et sincère empathie. Inspirée d’une histoire vraie, la relation épistolaire privilégiée qui se noue au fil des années entre deux êtres que tout oppose (culture, mode de vie ou préoccupations) contient pourtant son lot de pure fantasmagorie. Baignés dans des univers glauques, cafardeux pour ne pas dire franchement déprimants, le seul exutoire possible de ces personnages réside dans l’invention douillette et réconfortante d’univers totalement échevelés, fruits de leurs imaginations débordantes. Là où la jeune fille, objectivement ingrate, fabrique elle-même à partir de coquillages et d’os de poulet des jouets qui n’ont rien à envier aux créatures de Tim BURTON, avec pour tout ami un taxidermiste amateur qui se hâte d’empailler les oiseaux accidentés ramassés au bord de l’autoroute (sic) ; le new-yorkais hypocondriaque, radié de l’armée après avoir montré sa carte de membre d’un fan-club de science-fiction, cohabite avec un ami invisible nommé Mr Ravioli ! S’il est acquis que la personnalité de chacun d’entre nous comporte une part de névrose, ces deux spécimens-là devraient se révéler précieux pour le corps médical. Quand bien même le psychiatre attitré de Max est lui-même un véritable névropathe… Ainsi
donc, Adam ELLIOT parvient à scotcher le spectateur du premier
au dernier plan en narrant la correspondance chaotique d’une fillette
dépressive avec un vieux garçon patenté, sans pathos
ni commisération, mais avec un réel respect et une tendresse
non feinte. Humanité que manifeste aussi le cinéaste envers
le public : « Je dis souvent que si je pouvais, je ferais mes
films gratuitement. Aucune somme d’argent n’achètera
jamais le sentiment qu’on éprouve, assis parmi les spectateurs
qui regardent un film dans lequel on a mis toute son âme, quand
on sait qu’ils sont non seulement distraits, mais aussi nourris
et émus ». Bien plus, Monsieur ELLIOT : Mary et Max s’impose
comme une œuvre brillante à la noirceur aussi désopilante
qu’émouvante, et une fable sur la différence des
plus salutaire dans une société gangrénée
par l’individualisme. En ayant recours au titre populaire Que
Sera, Sera dans le cadre d’une séquence poignante
-en parfait contrepoint avec le final euphorique de Mes Voisins les
Yamada d’Isao TAKAHATA- ce bijou australien formellement irréprochable
revigore et s’adresse avec habileté à l’intelligence
du commun des mortels. En tout état de cause, il devrait fédérer
au-delà du simple cercle d’initiés. |
"Mary et Max s’impose comme une œuvre brillante à la noirceur aussi désopilante qu’émouvante, et une fable sur la différence des plus salutaire dans une société gangrénée par l’individualisme" |
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