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Toy Story 3



Quand on pense trilogie, la plupart du temps, on a peur d’être déçu par le troisième opus. Dans ce dernier, les personnages sont souvent là, mais ils nagent dans un vide intersidéral en guise de scénario. Ou du moins certains éléments déçoivent (comme dans Retour vers le futur 3 avec la romance inutile par exemple). Il y a des exceptions, bien entendu. Et Toy Story 3 en est une.

Ce qu’il y a de curieux avec Toy Story 3, c’est que l’on a l’impression d’être devant un nouveau second volet. Mis à part les 2 personnages conservés du second film : Jessie et Pile Poil, qui après tout pourraient bien apparaître sans justification comme deux nouveaux jouets. L’histoire se rapproche ainsi beaucoup du second opus. D’accord, les trois Toy Story ont la même idée de base : qu’arrive-t-il aux jouets lorsqu’ils ne fascinent plus leur propriétaire ? Mais Toy Story 3 développe de façon sensiblement identique à son prédécesseur la lassitude de l’enfant envers les jouets avec le temps. On assiste ainsi à un schéma narratif assez semblable à Toy Story 2 : une introduction qui met en scène nos héros dans un univers parallèle (ici l’imagination d’Andy remplace le jeu vidéo « Buzz l’éclair »), l’inquiétude du jouet de se retrouver abandonné dans un vide-grenier ou une poubelle, le départ vers une prison dorée et le sauvetage final.

Les différences ? La période beaucoup plus longue passée entre l’histoire du deuxième film et ce nouveau chapitre qu’entre les deux premiers long-métrages, et un enfant qui a bien grandi. Autre distinction : ce n’est plus un seul jouet, Woody, qui ressent la peur de devenir désuet, mais tous les jouets restants d’Andy qui le sont devenus (beaucoup ayant déjà disparus lors de vide-greniers). Enfin, la prison est ici une garderie qui semble d’abord idyllique pour les jouets heureux de s’y retrouver avant qu’elle ne révèle sa vraie nature. La geôle du collectionneur effrayait au contraire Woody avant qu’il ne rencontre Jessie et Pile Poil et ne veuille à l’inverse y rester. Un criss cross qui se poursuit avec le sauvetage par Woody de ses amis, qui dans Toy Story 2 venaient à la rescousse du cow-boy.

Bien que très proche du deuxième opus donc, Toy Story 3 séduit au-delà des espérances, et n’a pas à rougir devant Toy Story 2. Déjà, l’idée d’utiliser l’imaginaire d’Andy en guise d’introduction est une idée qui non seulement permet de réaliser une séquence d’action formidable (seul moment où la 3D semble une évidence, d’ailleurs), mais surtout permet une ouverture encore meilleure que celle du second film dont elle s’inspire. Le jeu vidéo « Buzz l’Eclair », très drôle, souffrait à l’époque d’un manque de crédibilité, les graphismes n’en étant pas à ce niveau d’excellence en 1999. Certes, le concept de Toy Story, par essence, n’est pas réaliste, avec ses jouets vivants. Cependant c’est le seul élément fantastique au milieu d’un univers fictionnel qui repose quand même sur le réel. Et l’imaginaire d’un petit garçon se prête encore mieux à un délire visuel que le jeu vidéo. La suite du film ne fait que cela, récupérer les thématiques de son grand frère pour au choix les transcender ou en exploiter d’autres dimensions.

Visuellement, le film est un enchantement, et le rythme est soutenu. Les jouets de la garderie constituent en outre une nouvelle galerie de personnages drôles ou intrigants. Les situations et les gags fonctionnent toujours aussi bien, et on oublie très vite la reprise du canevas de Toy Story 2 pour savourer ce nouveau développement haut en couleurs. L’idée de faire passer une garderie pour une prison pour jouets est en outre excellente, et conduit à des séquences d’exception. Quant à la fin, elle réussit à émouvoir malgré le ton rose bonbon.

Toy Story 3 fait finalement le même pari réussi que La Dernière Croisadepour la trilogie Indiana Jones (comment ça quatre épisodes ?), revisiter astucieusement la trame d’un opus précédent. A défaut d’être très original, voilà qui permet au film de reposer sur des ficelles narratives qui tiennent particulièrement la route, et de s’imposer comme un volet aussi touchant et abouti que ses deux aînés, dans une étonnante continuité esthétique malgré les années.

Guillaume Briquet


Fiche technique


- Origine : Etats-Unis - Couleurs - 1 h 43 mns.
- Date de sortie France : 14 juillet 2010.
- Production : John LASSETER.
- Réalisateur : Lee UNKRICH.
- Scénariste : Michael ARNDT.

- Sortie DVD : indéterminée.
- Lien Internet : http://www.disney.fr/toystory3

 

"Un volet aussi touchant et abouti que ses deux aînés"