Sommaire

Tarzan


Vif, riche en rebondissements et perpétuant agréablement les grandes valeurs prônées par la maison de feu-Walt, le Disney cuvée 99 est une réussite sur tous les plans. Tour de force d'autant plus grand que le postulat de départ n'était pas des plus originaux. Le coup de l'humain élevé dans la brousse, on l'a déjà vu dans le Livre de la Jungle...

Mais là où l'adaptation disneyenne de l'oeuvre de Rudyard KIPLING était essentiellement prétexte à des saynètes musicales swingantes (avec un Mowgli qui n'était confronté à la civilisation qu'à l'extrême fin du film), celle d'Edgar Rice BURROUGHS prétend faire souffler un vent de jeunesse sur la légende de Tarzan, renouvelant un mythe déjà surexploité par l'art cinématographique.


DISNEY : MOI VOULOIR TOI. SPECTATEUR : TOI VOULOIR LUI ?

Ce qui caractérise le Tarzan disneyen, c'est l'extrême équilibre rythmique du long métrage. Une alchimie parfaitement maîtrisée où les enjeux dramatiques sont constamment en point de mire, avec des séquences s'enchaînant tout naturellement et évitant les écueils d'un Pocahontas (ici les scènes d'exposition sont brillamment elliptiques -par le biais de chansons) ou d'un Hercule (ici l'humour sait se distinguer -sans être pesant ou 'facile'). Inventive et très dynamique, la technique se met pour une fois au service du scénario (et non l'inverse, voir Dinosaure...). Impressionnante, la glissade entre lianes et branches d'arbres -combinant 2D et effets 3D- force ainsi le respect, dans un long métrage qui sent le fignolé à tous les niveaux.

Distrayant d'un bout à l'autre, Tarzan bénéficie en outre de très belles mélodies (Strangers Like Me, You'll Be In My Heart,... toutes composées et interprétées par Phil COLLINS himself, jusque dans la VF). Les couleurs, chatoyantes, s'intègrent d'elles-mêmes dans de splendides décors de jungle où cohabitent singes farfelus et éléphants patauds mais attendrissants.



Tarzan fait mumuse avec un singe. C'est sûr, quand on vit dans la jungle, y'a pas de télé.

La vocation familiale de ce long métrage animé remplit à merveille son contrat (et bien dans le sens de toute la famille, pas simplement le petit frère accompagné de parents regardant le film d'un oeil distrait). On émettra juste des réserves sur le thème sous-jacent -l'appel à la tolérance, à la différence-, trop exploité ces dernières années (Pocahontas, le Bossu de Notre-Dame ou Lilo & Stitch). Tarzan demeure cependant une oeuvre aboutie et adroitement ficelée, des ressorts du scénario parfaitement amenés (Jane faisant découvrir à son alter ego masculin les progrès de la civilisation) aux incontournables éléments comiques (le père de Jane, irrésistible !), sans oublier l'alternance de séquences de pure poésie (Tarzan encore bébé dans les bras de sa mère adoptive) et de cruelle tragédie (le prologue du film).


ET RUGIR DE PLAISIR...

Tarzan est donc une étonnante réussite, aussi bien technique qu'artistique, de la part de deux réalisateurs jusqu'alors plutôt décriés. Kevin LIMA étant responsable du dispensable Dingo et Max et du médiocre film live les 102 dalmatiens. Chris BUCK, de son côté, s'il avait oeuvré sur le classique Rox et Rouky (Chris a commencé sa carrière chez Disney en 78), avait également piètrement supervisé Pocahontas ! Globalement, ce Tarzan a pourtant mis d'accord public et critiques, et les réserves émises se révèlent discrètes. Le Nouveau Cinéma reconnaissait ainsi que "Tarzan est est une nouvelle réussite à mettre à l'actif des studios Disney, passés maîtres dans l'art de s'approprier les chefs-d'oeuvre du patrimoine universel. Qu'importe dès lors le nez aquilin et les dread-locks de notre héros". Même son de cloche du côté du Point : "voici la jungle, prodigieusement reconstituée (...). Un décor sur lequel surfe en accéléré le « surhomme des jungles », qui bat à plate couture Johnny WEISSMULLER et vaut à lui seul mille tours de toboggan à Disneyland". Nul doute que la section Revue de Presse de Frames saura revenir en temps et en heure sur cet accueil enthousiaste...

Sans égaler le coup d'éclat d'un Toy Story 2 ni même la puissance narrative d'un Roi Lion, Tarzan fait cependant preuve d'une grande maestria. C'est l'un des rares Disney de ces dernières années pouvant revendiquer l'étiquette enviable de "classique", rejoignant de fait le Panthéon des films de l'âge d'or de la firme. Un privilège nullement accordé aux autres parias de la société récemment mis en vedette par Disney (Pocahontas l'indienne recluse, Quasimodo le sonneur de cloche hideux, ou encore Stitch la bestiole monstrueuse, fruit d'expériences génétiques extra-terrestres).

Du grand divertissement, dont la firme de l'oncle Walt n'a pas à rougir.

Gersende Bollut



Pas la peine de hurler : au moins, le Tarzan de Disney, il est pas kitsch.


Fiche d'identité


- Origine : Etats-Unis - Couleurs - 1 h 28 min.
- Date de sortie France : 24 novembre 1999.
- Production : Bonnie ARNOLD / Walt Disney Pictures, U.S.A.
- Réalisateurs : Kevin LIMA et Chris BUCK.
- Scénario : Tab MURPHY, Bob TZUDIKER et Noni WHITE.
- Doublage VO : Tony GOLDWYN (Tarzan), Minnie DRIVER (Jane Porter), Brian BLESSED (Clayton), Glenn CLOSE (Kala), Nigel HAWTHORNE (professeur Archimède Q. Porter), Lance HENRIKSEN (Kerchak)...
- Musique : Phil COLLINS et Mark MANCINA.
- Box-office France : NC.
- Sortie DVD : 24 août 2000.
- Lien Internet : www.disney.fr/DisneyVideos

 

"L'un des rares Disney de ces dernières années pouvant revendiquer l'étiquette enviable de "classique", rejoignant de fait le Panthéon des films de l'âge d'or de la firme"