Evil
Dead
Premier
film de Sam RAIMI, Evil Dead représente également la première
expérience cinématographique de l'épouvante pour
l'épouvante. Dans ce film, pas de message politique caché,
pas de réflexion sur les attitudes adoptées par les personnages
en fonction des situations ou sur la famille US. Juste le récit
d'un groupe de gens qui plonge dans l'horreur, forcés de s'entretuer
après être tous tour à tour possédés
par un esprit maléfique.
L'histoire
se fonde d'ailleurs sur des clichés du film d'horreur avec un
groupe de jeunes naïfs qui obtiennent une grande maison perdue
dans la nature pour un prix dérisoire (ce qui n'est pas sans
évoquer la maison au beau milieu de la campagne que des jeunes
acquièrent pour les vacances grâce à l'oncle d'un
des personnages dans Massacre à la Tronçonneuse), ou le
coup du personnage principal qui ne peut se résoudre à
tuer sa fiancée après sa transformation en zombie (rappellant
la petite fille dans la Nuit des Morts-Vivants de Romero, avec la mère
qui ne peut accepter sa progéniture en zombie et se laisse tuer).
Il est clair que l'intérêt du film n'est donc à
l'évidence pas scénaristique mais dépend du procédé
de mise en scène.
UNE
QUESTION D'AMBIANCE
Ainsi,
s'il se caractérise par cette pure incursion dans le glauque
et l'enfoncement du récit qui débute par une simple mise
sous tension du spectateur pour évoluer rapidement dans le gore
et le très monstratif, Evil Dead vaut surtout pour son parti-pris
de polarisation.
En
effet, la caméra possède une présence tout au long
du film. Bien sûr cette présence est évidente dans
certaines scènes dans lesquelles l'esprit s'approche de la maison,
mais elle fait également partie de tout le récit filmique.
Chaque plan possède de fait cette "vie" dès
l'incipit, qui est dénoté comme vue subjective
de l'esprit.
A
la même époque KUBRICK joue du même ressort dans
le labyrinthique Shining (voir dossier),
mais se cantonne à quelques scènes tandis que Sam RAIMI
fonde l'enjeu de son film dans cette technique. Il en ressort que le
spectateur se confond vite avec l'esprit/le mal. Il est ramené
à tout moment à sa position de voyeur. Cependant il n'est
pas l'observateur passif qui se sent mal à l'aise de ne pouvoir
aider les protagonistes, il est instauré en symbiose avec l'actant
maléfique. Aussi ce huis-clos n'en est que plus éprouvant.
D'autre
part, les scènes classiques qui mettent en jeu la peur de découvrir
un quelconque danger lorsqu'un personnage est à l'affût
et cherche un des zombies prennent une dimension toute autre avec ce
procédé de polarisation et le spectateur devient presque
schizophrène face aux situations (cherchant à s'identifier
au personnage mais forcé de s'identifier au démon à
cause du point de vue adopté par le réalisateur).
Ajoutons
à ce joyeux festival de sensations un gore réjouissant
et bien saignant, des plans où l'aspect fantastique vient supplanter
l'horreur (l'horloge qui tourne à l'envers ; le miroir où
le 'héros' plonge sa main... mais tiens tiens, j'ai déjà
vu ça quelque part... ah, non ! j'ai revu ça quelque
part...), un humour sous-jacent et une montée vers un univers
quasi-parallèle où le temps s'est arrêté
avec le rationnel, et nous obtenons Evil Dead. Une œuvre qui méritait
bien d'être redécouverte par ses aficionados et découverte
par une partie du nouveau public de Sam RAIMI (qui s'est constitué
autour de Spider-man -voir dossier),
avec sa récente rediffusion en salles.
Guillaume
Briquet
Fiche
technique
-
Titre original : the Evil Dead.
- Origine : Etats-Unis - Couleurs - 1 h 20 mn. Interdit aux moins
de 12 ans.
- Date de sortie France : 24 août
1983 (reprise le 7 mai 2003).
- Production : Robert G. TAPERT et Irvin
SHAPIRO.
- Réalisateur : Sam RAIMI.
- Scénario : Sam RAIMI.
- Casting : Bruce CAMPBELL (Ash), Ellen
SANDWEISS (Cheryl), Hal DELRICH (Scotty), Betsy BAKER (Linda), Sarah
YORK (Shelly), Sam RAIMI (le pêcheur au bord de la route / La voix de
l'Esprit du mal)...
- Musique : Joseph LoDUCA.
- Box-Office France : reprise -> 54.746
entrées.
- Sortie DVD : pas prévue dans l'immédiat.
- Lien
Internet : http://www.metrofilms.com/evildead
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"La
caméra possède une présence tout au long du film.
Bien sûr cette présence est évidente dans certaines
scènes dans lesquelles l'esprit s'approche de la maison, mais
elle fait également partie de tout le récit filmique"
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